1756-02-19, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Notre aimable docteur a passé avant hyer ici, il y a couché et est reparti hyer à sinq heures du matin.

Je ne peux vous exprimer Monsieur le plaisir que nous avons eu de le voir. Il nous a fait un mistère de sa marche. Vous croiez bien que notre imagination n'est pas resté ouaisible, nous l'avons promenée dans tous les païs du monde, enfin il a été se coucher nous croiant dans la ferme persuation qu'il aloit en Prusse. Mais c'est une politesse de notre part, je crois fermement qu'il va en France et pour trancher le mot à Paris.

Gardez vous bien de divulguer ma congecture, mais gardez aussi cette lettre affin de pouvoir lui prouver en temps et lieu que je n'ai pas voulu paroitre deviner sa marche de crainte de l'inquiéter. Il est dans la meilleur santé du monde. Son corps fait honneur à la médecine et son âme à l'humanité. Il nous a promis de repasser ici à son retour. Je crains qu'il ne reviene par Lion si ma congecture est bien fondée. Il m'a promis de m'écrire dans douze jours, j'attands sa lettre avec grand impascience. J'en ai encor bien davantage de vous revoir. Si vous savez quel que nouvelle mendez les nous mais surtout donnez nous des vôtres, aimez nous et ne doutez jamais de ma tendre et inviolable amitié.

Denis