A Lyon, 3 décembre 1754
Vous me rendez, ma chère nièce, le survice le plus essentiel.
Je ne l'oublierai jamais. Il faut que j'aille aux eaux d'Aix en Savoye, pour un rhumatisme goutteux qui me rend presque entièrement perclus. Je passerai par Prangins, j'y retournerai en revenant des eaux, si mr de Prangins veut bien permettre que nous profitions ma nièce et moi de la liberté qu'il nous donne. C'est pour moi une grande consolation, elle deviendra encore plus grande s'il vient dans sa terre au mois de mai, et s'il veut y demeurer quelques jours avec nous, jusqu'à ce que nous ayons pris un parti convenable. Nous devons mille remerciemens à m. de Florian qui nous a offert sa terre; tout ce qui nous arrive de consolant vient de vous. Ce serait une aventure bien agréable, si vous pouviez au mois de mai venir à Prangins et y voir m. de Florian, mais je ne sais si nous devons nous en flatter; flattez nous en pourtant le plus que vous pourrez. Je ne sais encore quand ma santé et mes affaires me permettront de me mettre en route. Adieu ma chère nièce.