à Colmar 7 aoust 1754
Monseigneur,
L'état où je suis ne me permet pas de différer la justice que je dois à ma nièce qui est venue m'assister dans ma maladie.
Je suis obligé de supplier votre altesse sérénissime de vouloir bien envoyer à votre conseiller une procuration spéciale pour faire le contract qui assure à ma nièce ce que vous avez bien voulu luy promettre par L'acte sous sein privé que votre altesse sérénissime a daigné faire avec moy. Je sçais monseigneur que votre promesse est au dessus de tous les contracts, et je n'ay jamais demandé pour moy même d'autre sûreté que votre seule parole. Mais quand on est malade il faut s'arranger avec sa famille. Pardonnez cette importunité. Voicy la procuration la plus simple. Si votre altesse sérénissime daigne l'envoyer à son conseiller à Strasbourg munie de son seing et contre signée, ce sera une nouvelle faveur dont je luy aurai obligation.
Je suis avec le plus profond respect et un sincère attachement
Monseigneur
de votre altesse sérénissime
Le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire