à Plombieres 19 juillet 1754
Monsieur,
Je vous supplie de vouloir bien considérer qu'il a été de mon devoir de détromper le public par un troisième volume, des deux premiers tronquez et défigurez que l'on avait débitez sous mon nom.
Quelque party que votre prudence vous fasse prendre sur ce troisième tome, j'y souscris par avance. Ce n'est point à moy d'entrer dans les querelles des libraires. Le grand point est que vous ne soyez compromis en aucune façon; qu'ils obéissent à vos ordres si vous leur en donnez, et qu'ils fassent d'ailleurs leurs affaires. Pour moy s'il y a un mot de répréhensible dans cet ouvrage je ne manqueray pas de le réformer. Il n'y a guères de livres où l'auteur ne doive changer quelque chose mais il n'y a rien à changer aux sentiments pleins d'attachement et de respect avec les quels j'ay l'honneur d'être
Monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire