1754-08-21, de Voltaire [François Marie Arouet] à Georg Conrad Walther.

J'ai trouvé en arrivant à Colmar, mon cher Walther, les paquets que vous m'avez envoïés.
Je souhaite que le troisième volume de l'Histoire universelle se débite aussi bien par vous en Allemagne, que l'édition de Schœpflin se débite en France.

A l'égard des deux premiers tomes, vous savez bien que je vous avais conseillé de ne les pas imprimer; et que même je décrie, comme je le dois, dans la Préface du troisième, ces deux premiers que Jean Néaulme a défigurés d'une manière si indigne.

Il y a encor un autre malheur, c'est que le correcteur de l'imprimerie de Léipzig n'entend guéres nôtre langue, et a fait une infinité de fautes grossières. Je suis très-fâché de tous ces contretemps qui doivent vous nuire. Je vous enverrai le plûtôt que je pourrai les sept volumes bien corrigés et bien rajustés de l'édition de mes œuvres mêlées. Ce n'est pas une petite besogne; j'y joindrai tous les avis nécessaires à vôtre correcteur et vous n'aurez d'autre peine que celle de lui envoïer l'ouvrage; en un mot je vous rendrai tous les services possibles. Il eût été à souhaiter que j'eusse pû diriger moi-même vos éditions; vous vous en trouveriez mieux. Mais l'éloignement me met dans l'impossibilité de faire pour vous tout ce que je voudrais. Je vous embrasse de tout mon cœur.

Voltaire