1754-07-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Augustin Calmet.

Monsieur,

La lettre dont vous m'honorez augmente mon regret d'avoir quitté votre respectable et charmante solitude.
Je trouvais chez vous bien plus de secours pour mon âme que je n'en trouve à Plombières pour mon corps.

Vos ouvrages et votre bibliothèque m'instruisaient plus que les eaux de Plombières ne me soulagent. On mène d'ailleurs ici une vie un peu tumultueuse qui me fait chérir encore davantage cette heureuse tranquilité dont je jouissais avec vous. J'ai pris la liberté de faire mettre à part quelques livres de savants d'Angleterre pour votre bibliothèque; mais on n'a envoyé chez de Bure que les livres écrits en langue anglaise; j'ai donné ordre qu'on y joignît les latins. Ce sont au moins des livres rares, qui seront bien mieux placés dans une bibliothèque comme la vôtre que chez un particulier. Il faut de tout dans la belle collection que vous avez. Je vous souhaite une santé meilleure que la mienne, et des jours aussi durables que votre gloire et que les services que vous avez rendus à quiconque veut s'instruire. Je serai toute ma vie, avec le plus respectueux et le plus tendre attachement,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire