1754-07-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes.

Monsieur,

Je suis encor obligé de vous importuner au sujet de ce pauvre shœpfling.
Il avait fait un marché avec Lambert qui devait luy acheter deux mille exemplaires. Il était convenu avec moy que je vous enverrais ce livre pour le soumettre à vos lumières, et pour le mettre sous votre protection. Il perd tout le fruit du don que je luy avais fait.

Je vous supplie Monsieur qu'au moins Lambert et luy puissent s'accomoder, sous vos ordres, si vous daignez en donner, ou sous l'abry de votre indulgence. Ayez la bonté de suspendre le débit de Lambert jusqu'à ce qu'il ait reçu les corrections nécessaires. C'est une grâce qui m'est essentielle. Ajoutez cette faveur aux bontez qui m'attachent à vous.

Je serai toutte ma vie avec la plus respectueuse reconnaissance

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire