Genève 15 avril 1754
Monsieur,
J'ai bien receu la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de même que celle de monsieur D'Origny.
Vous vous plaignez de mon Edition de votre Essai, come si j'étois responsable des fautes de la 1e édition, ou de quelques légères des imprimeurs. Vous êtes content de la Préface de monsr Vernet suivant ce que vous lui avez écrit, elle suffit ce me semble pour me disculper. J'aurois bien souhaité, que vous, Monsieur & lui m'eussiez plûtôt donné vos corrections. Mais le mal n'est pas sans remède. Mon Edition est bientôt écoulée, preuve de la bonté de vôtre Essai, & qui fait regretter tout ce qui y manque & tout ce qui peut contribuer à le perfectionner. Si vous voulez me l'envoyer je n'épargnerai rien afin que vous en soyez content. Ce sera un essay pour vos autres ouvrages que vous m'avez fait espérer, qui vous démontrera mieux si vous me jugez digne ou non de les imprimer. Car ne jugez point sur cette esquisse. Si vous connoissez le Cicero in Us. Delphini cum selectis notis Oliveti etc. 9 vol.imprimé par nos soins, j'espère que vous serez mieux convaincu de mon expérience.
Je vous envoye quelqs remarques d'un savant de mes amis sur ce Livre, sur le 1er volume. Il en a encore d'autres & sur le 2d que je vous comuniquerai si vous les agréez & dans l'espérance que vous ne me refuserez pas ni au Public la grâce que je vous ai demandée; ce savant dit que come l'Edition de Hollande s'est faite sur une mauvaise copie il a cherché à deviner ce que vous avez dit, loin de penser à faire aucune correction à v͞re ouvrage, en un mot c'est les fautes de la copie qu'on corrige & non l'auteur. Vous ne les prendrez donc pas en mauvaise part. Mais je crois que vous sentirez sa capacité. Il m'est deffendu de vous le nomer.
Au reste j'ai écrit à Basle d'où vient l'avis dont vous vous plaignez inséré dans la Gazette de cette ville, deux personnes non intéressées me répondent qu'il n'y est point. Come q1 en soit, vôtre ouvrage est généralement goûté, & il seroit fort important pour vôtre gloire de le donner vous-même ce qui répareroit tout.
On imprime ici vos Annales de l'Empire Tom. I dont on souhaite fort de voir aussi la suite.
Au reste j'oubliois de vous dire qu'un savant Italien qui est ici auroit fort envie de traduire v͞re Essai en Italien, mais je l'en détourne jusqu'à ce q1 soit publié par vous-même. A mesure que je l'imprimerois en franc.' il le traduisoit & je l'imprimerois en Italien si vous le permettez. Ce qu'attendant de savoir & vos intentions, J'ai l'honneur d'être respectueusement,
Monsieur,
Votre très humble & très obéissant servitr.
Claude Philibert