Colmar, le 1 février 1754
Monsieur,
Vous m'avez honoré autrefois de vos bontés et de votre correspondance.
Je vous rappelle ce souvenir au sujet d'une nouvelle qu'on me mande de plusieurs endroits, qu'un nommé Claude Philibert imprime sous vos yeux une édition de ce malheureux abrégé d'une Histoire prétendue universelle que Jean Neaulme s'est avisé d'imprimer sous mon nom à la Haye, d'après un manuscrit très informe qu'il a trouvé le secret de rendre encore plus défectueux. Permettez que je joigne ici une des déclarations publiques que j'ai été obligé de faire. Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien avoir la bonté de me mander la vérité sur cette prétendue édition de Genève. Ce serait une grande consolation pour moi, si cette occasion servait à renouveler la bienveillance que vous m'avez témoignée il y a plusieurs années, et que je mériterai toujours par la véritable estime avec laquelle j'ai l'honneur d'être,
Monsieur, etc
Voltaire