[c. 31 December 1770]
Voiez, Caro si vous pouvez vous charger d'un pauvre questioneur quand vous avez vingt gros volumes sur les bras.
Je vous souhaitte le plus grand succez, mais je crains toujours qu'on ne laisse rentrer en France l'in 4. d'Yverdon et qu'on ne vous ferme la porte. Les yverdunois ont retranché tout ce qui était hardi et corrigé beaucoup de fautes. Plusieurs savants protégés par le gouvernement travaillent à cet ouvrage. J'ai peur pour vous, mais le vin est tiré, buvez.
Vous voiez qu'en vain vous avez cru vous dérober aux contre-façons en débitant trois volumes à la fois. On a imprimé en six semaines ce que vous aviez imprimé en quinze mois.
Vous savez que je suis pressé, mes soixante et dix sept ans ne me laissent pas le tems d'attendre. Si je n'ai pas trois feuilles par semaine il faudra renoncer aux Questions et en faire un ouvrage posthume. Parlez moi franc, pouvez vous promettre devant dieu trois feuilles par semaine? Ne faittes point descendre canos meos cum mœrore in infernum.