1753-08-04, de Voltaire [François Marie Arouet] à Johann Erasmus von Senckenberg.

Monsieur,

Je vous cherchay en vain tout le matin, le jour que je partis en dernier Lieu de Francfort; je fus privé du plaisir de vous renouveller de bouche les sentiments de la reconnaissance et de l'estime, que je conserverai pour vous toutte ma vie.
Je vous envoye monsieur la copie de la lettre que j'écris à M. le bourguemestre; elle est pour le conseil autant que pour luy, mais elle est surtout pour vous monsieur qui avez signalé dans cette affaire, votre zèle pour la justice, et la noblesse de vos sentiments d'une manière qui vous fait tant d'honneur. Je suis persuadé que vous consommerez ce que vous avez si généreusement commencé. Il ne me reste qu'à chercher les moyens de vous marquer à quel point je suis sensible à touttes vos bontez. Je vous supplie de me regarder comme un homme qui vous est dévoué sans réserve pour tout le temps qui luy reste à vivre.

Si vous voyez mr Varentr. je vous prie de permettre que je luy fasse icy mes compliments.

Voudriez vous avoir la bonté de m'écrire à Strasbourg? où je vais après avoir été quelques jours à la cour palatine.

Adieu monsieur, mille tendres remerciments.

V.