1752-12-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis François Armand Du Plessis, duc de Richelieu.

Vous avez dû recevoir monseigneur par mr de la Reiniere une très grande lettre et un très énorme paquet.
Je ne vous demande point pardon de mes lettres, parceque le cœur les dicte; mais je vous demande bien sérieusement pardon du paquet. Tout est trop long, et trop détaillé. C'est comme si on receuillait tous les bulletins d'une maladie qu'on a eu il y a dix ans. La postérité dédaigne tous les petits faits, et veut voir les grands ressorts. Je suis honteux d'avoir barbouillé plus de papier sur huit ans d'une guerre inutile que sur le siècle de Louis 14. J'ay noyé la gloire du roy, celle de la nation et la vôtre dans des détails que je hais. Avec moins de minuties il y aurait plus de grandeur. Malheur aux gros livres! Je m'occupe à rendre celuy cy plus petit et meilleur.

Après cette petite préface que vous fait votre historiografe, en voicy une de votre histrion.