1753-01-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

Ah mon dieu, voylà le plus horrible malheur qui pût jamais m'arriver.
Certainement il y a trois paquets, Deux que je vous ay donnez, et un que votre laquais a remis à votre valet de chambre. C'est ce paquet qui m'inquiétait tant. Il est grand, il n'y a qu'un cachet. C'est Francheville qui le plia. Pardon encor, pardon. Ce paquet était avec la lettre pr mr le prince Louis. Il y avait dessus, à mr de Voltaire, avec un billet pour vous. Il se pourait que M. le prince Louis eût pris le tout. Ce serait un moindre mal mais il serait encor bien grand. Je suis à vos pieds, et aussi honteux que malheureux. Il y avait dans ce paquet un Akakia. Tâchez de m'en faire avoir un. Mais il y avait aussi des choses plus importantes. Ce dont je suis très sûr c'est que j'ay envoyé trois paquets, et que le plus important n'a pas peutêtre été rendu. Il n'y a que votre amitié qui puisse me consoler.