1764-04-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Devant dieu soit l'âme de ce pauvre Guillaume Vadé, à qui je souhaitte toute sorte de prospérité.
Mais certainement il lui arriverait de grands malheurs, et à Mr son père, si les gens de Mr Caro n'avaient pas ôté ce titre qu'on appelle perdu, et qui certainement me perdrait. J'ai grand-peur qu'on ait laissé ce malheureux intitulé, collection complette etca. Je sçais qu'on murmure déjà beaucoup, et je peux assurer qu'on saisira toute l'édition qui sera entièrement perdue pour l'éditeur. Il n'y a d'autre parti à prendre que de mander sans délai aux correspondants d'arracher ce feuillet qui est une pierre de scandale terrible. Je prie Monsieur Cramer avec la plus vive instance de me mander nettement ce qui en est.

Je le prie aussi de me mander les noms des libraires d'Italie et d'Espagne qui doivent m'envoier les nouveautés.

Je reviens encor à ce maudit titre perdu. Il faut qu'on l'ait vu à Paris; et je le soupçonne d'autant plus, que jamais les ouvriers de monsieur Cramer n'ont corrigé la page 108. Cette négligence n'est qu'une chose très désagréable, mais le tître dont il est question est une chose essentielle. J'attends réponse sur cet article important, et j'attends tout de l'amitié de Monsieur Cramer.

Il y a 160 Livres qui font un compte borgne, et qu'il faut mettre en exemplaires proprement reliés pr made Denis, mr et made Dupuits et pour moi. Je compte aussi qu'on a envoié les 48 exemplaires à mr d'Amilaville et je prie mr Cramer de vouloir bien m'en donner des nouvellespositives. Pardon de tant de détails.