Potsdam 19 novbre [1752]
Je sçai très bien monsieur que Le rogâton que j'ay l'honneur de vous offrir, n'est pas un présent digne de vous.
Il faudrait avoir à vous présenter ou les commentaires de César ou ceux du roy de Prusse. Mais je vous dois un hommage, et on ne peut donner que ce qu'on â. Ne lisez pas cette misère tragique. Il y a pourtant là un Lisois qui est un brave et digne homme, et dont le caractère n'est pas fait pour vous déplaire.
J'ay fait partir mon ballot. Il était pour madame de Pompadour, mais j'ay peur d'avoir fait une faute en mettant L'adresse. Je suis si ignorant des choses de ce monde que je ne sçais pas encore si elle est duchesse ou non. Le roy prétend qu'elle est duchesse de Vaujour, on m'écrit de Paris qu'elle a les honneurs sans être duchesse. Je n'ay osé luy donner un titre que peutêtre elle n'a point. Je vous suplie monsieur d'avoir la bonté de m'instruire, car ayant envoyé le paquet à mr de la Reiniere je suis encor à temps de réparer ma faute si j'en ay commise une.
Auriez vous à présent quelque occasion monsieur? J'ay un paquet à faire remettre à M. le maréchal de Richelieu. Je L'adresserais à mon amy mr de Bussy, et j'aurais en ce cas recours à vos bontez. Je vous supplie de me les conserver. J'ay une grande impatience de vous remercier de vive voix, et de vous assurer monsieur de mon respectueux attachement et de ma reconnaissance.
V.