1752-04-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Antonio Maria Vannucchi.

Dans le temps précisément que l'astre bienfaisant, distributeur du jour, commence à reprendre quelque peu de vigueur, même dans ce climat glacé, je reçois de m. le baron Drummond votre lettre jointe à divers ouvrages philosophiques et poètiques.
J'ai lu avec avidité tant les uns que les autres, et toujours avec le plus grand transport.

Vous écrivez avec une profondeur et une finesse de génie surprenantes. On trouve partout la plus grande clarté, et vos principes sont portés à l'évidence géométrique, qui n'est propre qu'aux grands hommes. Je ne m'arrête point à parler de vos poésies, car en ce genre vous êtes inimitable; le seul Tasse peut se mettre en parallèle avec vous. J'assurerai, sans flatterie, que vos pièces littéraires seront autant de précieux monuments pour les siècles à venir.

Le roi philosophe, avec qui j'ai l'honneur de vivre, et qui a lui aussi vos ouvrages, en porte le même jugement que moi, et m'ordonne de vous féliciter en son nom sur cet objet.

Ne soyez pas si paresseux à donner de vos nouvelles à un homme qui vous respecte et vous estime, et qui sera, durant toute sa vie, avec le plus vif attachement, etc.

Voltaire