1751-09-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

On m'a dit madame que j'avois l'honneur de ressembler en laid à un certain prêtre, qui a prêché devant vous.
Voylà aparemment ce qui a fait croire que j'avois été à Berlin, et que je vous avois donné ma bénédiction. On m'aura pris pour cet heureux prêtre.

Ce qui est très vray c'est que j'ay la plus grande envie de vous faire ma cour. J'ay renoncé au marquisat, mais point du tout à l'espérance de venir me mettre à vos pieds. Nous passons icy notre vie dans la tranquilité la plus inaltérable. Vous avez à Berlin un peu plus de mouvement. Ce sont deux espèces de félicitez différentes. Pour moy madame je mets la mienne à vous être très véritablement attaché et à compter sur vos bontez. Je voi bien que j'auray encor l'honneur de vous voir plus d'un mois de suitte à Berlin, vivez y heureuse, et n'en partez que triomphante.