Potsdam 11 octb [1752]
J'ay eu l'honneur madame de voir le jeune homme que vous m'avez adressé, et je chanteray ses louanges.
Voicy un paquet sur la dispute de Kœnig tel que je viens de le recevoir par la poste de Berlin. J'ay été effrayé des manœuvres de Maupertui auprès de madame la princesse d'Orange. Cela est bien insolent, et quand avec cela on a tort, quel nom donner à de tels procédez? Je vous suplie madame de vouloir bien me renvoyer le paquet avec l'enveloppe, quand vous en aurez fait prendre copie si vous le jugez à propos.
On prétend que la lettre que vous trouverez dans ce paquet est d'un Mr Joncour, amy de Kœnig. Aparemment qu'on envoye à baucoup d'autres personnes des copies de cette lettre et de L'extrait de Cologne.
Pour moy je ne me mêle en aucune façon de cette querelle. Je ne suis point amy de Maupertui, et je déclare que je trouve son livre et son procédé mauvais. Mais le Roy sait que je m'occupe d'autre chose que de ces querelles. Je vous supplie instamment madame de bien dire partout que je n'écris ny pour ny contre. Je laisse Maupertui tiranizer, cabaler, voiager, et mourir d'une réplétion d'orgueuil, et je reste tranquile.
Je vous ay mandé naivement ce qu'on pensait icy au sujet de l'homme que vous protégez. Pour moy qui ne le conais que par son ouvrage et par les bontez dont vous l'honorez, je luy trouve baucoup d'esprit et je voudrais bien luy rendre service. Mais ma plus grande envie est d'être incessament à vos pieds et de vous renouveller les sentiments respectueux de l'attachement le plus inaltérable.
V.