[c. 27 June 1752]
Je vais lire madame grâce à vos bontez la suitte de L'ouvrage du Montesquieu géomètre.
J'aime mieux ma solitude que vos fêtes, mais cette solitude ne pourait être véritablement heureuse qu'en cas que je la partageasse avec vous, et la destinée ne me parait pas avoir arrangé les choses de cette façon. Je vous suplie de vouloir bien me protéger un peu auprès de madame Denhof. Ne vous avisez point d'être malade. C'est le pire état de la vie. Les procez même avec le Dannemark sont moins cruels. J'espère baucoup en mr le comte de Linar. Vous aviez besoin d'un homme vertueux et le voilà trouvé. Si vous luy écrivez, pouvez vous luy marquer qu'après votre suffrage le sien est celuy qui me flatte davantage. C'est pour plaire à des âmes de cette trempe qu'il faut se mêler d'écrire. Vous pouvez en toutte seureté madame avoir la bonté de faire mettre à la poste les deux paquets que j'ay pris la liberté de mettre sous votre protection, l'un pour Michel Rei, libraire à Amsterdam, l'autre pour mr
Kœnig auprès de M. le prince d'Orange à la Haye. Je vous serai obligé. On m'a recommandé expressément de les faire partir, et comme vous êtes à Berlin le seul être en qui j'aye confiance, j'ay pris la liberté de m'adresser à vous. Je vous suplie de vouloir bien m'instruire si vous aurez fait partir ces paquets. Rendez moy ce petit service, je vous en prie, et comptez sur moy comme sur vous même. Je vous serai attaché jusqu'au dernier moment de ma vie avec une fidélité inviolable.