1752-04-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charlotte Sophia van Aldenburg, countess of Bentinck.

En partant madame je vous fis l'éloge de cette égalité d'âme et de cette bonté ferme et constante qui fait votre caractère.
Je crois que vous l'avez inspirée à une âme qui d'ailleurs est digne de la vôtre. M. le comte Algaroti qui vous rendra cette lettre vous dira que nous avons passé des jours tranquiles mais il ne peut vous dire à quel point je vous regrette. Nous avons icy un peintre en pastel qui s'est avisé de me peindre. Le roy a voulu garder le portrait, tant il l'a retrouvé bien fait. Si ce peintre pouvait être assez heureux pour que vous luy acordassiez quelques heures, je vous demanderais en grâce la permission de faire tirer une copie.

Ne pouvant vous faire ma cour à Potsdam j'aurais au moins la consolation de rendre mes respects tous les jours à votre image et ressemblance.

J'ay envoyé à votre illustre et digne amie un exemplaire du siècle de Louis 14 où il y a plus de manuscript que d'imprimé. Permettez moy de travailler à mettre le même ouvrage à vos pieds. L'édition qu'on débite est très imparfaitte. Toutte première édition n'est qu'un essay. J'espère qu'un jour l'ouvrage ne sera indigne ny de votre suffrage ny des bontez dont vous honorez l'auteur qui vous sera toujours dévoué avec l'attachement le plus inviolable et le plus respectueux.

V.