[January 1751]

Monsieur,

Je Vous suis bien obligé des complimens de congratulation que Vous me faites sur la dignité que Sa Majesté Impériale, ma gracieuse Souveraine, a eû la grâce de me conférer.
Le comble de mes souhaits seroit, Monsieur, que j'eusse bientôt la satisfaction de Vous faire les mêmes sur la récompense complète que Vous avez à espérer du roy à qui Vous avez dévoué si sagement Vos services. Il est connaisseur des arts et des sciences, et il sait récompenser ceux qui les possèdent comme Vous les possédez, Monsieur, au plus haut degré.

Le libraire de l'Académie ayant envoyé l'année passée au mois de juin à Mr Briasson un ballôt des livres de notre impression, y a mis par mes ordres entre autre paquets pour les membres de Paris attachés notre à Académie, un pour Vous, Monsieur, où il y a dix tomes de nos anciens Commentaires et le 1er tome des nouveaux avec le supplément de Scientia navalis en deux tomes, que j'espère que Vous aurez reçus, où que Vous les recevrez en son tems. Pour l'Atlas de Russie, il n'y est pas, parce que Vous ne me l'avez pas demandé. Mais à présent sachant Vôtre sentiment là dessus je Vous l'enverrai ou par eau ou par terre à la première occasion qui se présentera.

Le voyage, que Vous dites que Vous souhaiteriez d'entreprendre encore, est à mon avis trop long et trop fatiguant pour un homme de Vôtre âge et de Vôtre constitution, et pour moi, pour Vous dire la vérité, très inutile, parce qu'il y a apparence que je serai dans ce tems là bien éloigné d'icy et hors d'état de profiter de Vôtre conversation et c'est pourtant ce que je ne voudrais pas en être privé.

Je suis avec beaucoup de zèle,

Monsieur,

Vôtre très humble et très obéissant serviteur.