1750-12-08, de Graf Heinrich von Brühl à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Je n'ai pû qu'être très flatté de l'obligeante lettre que Vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 6 du p. et charmé de la prévention favorable, que Vous m'y témoignez tant à l'égard de nôtre Cour que pour mon personel.

Comme j'ai toujours êté un des zélés admirateurs des productions inimitables de vôtre génie, j'ai eû une vraye satisfaction de recevoir de Vôtre bonté un Exemplaire complet et correct de Vos œuvres, qui ne sauroit que servir d'un ornement distingué à ma Bibliothèque.

Outre la reconnoissance que je Vous dois, Monsieur, de cette attention polie, dont je Vous prie d'agréer les témoignages, je souhaiterois très fort avoir de quoy Vous prouver en revanche quelque retour agréable de la mienne. Mais ne sachant autre chose, que j'y puisse destiner, je tâcherai de trouver quelque morceau de nôtre terre de Misnie, que je croirai pouvoir Vous plaire, et que je Vous prierai de regarder du moins comme une légère marque des sentiments parfaits d'estime et de considération, avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Vôtre très humble et très obéissant Serviteur

Ct de Bruhl