Rome, le 7e d'Avril 1764
Monsieur,
Je vous suis très obligé de l'honneur de la lettre que vous m'avez écrit et non moins de votre bonté en me communicant les sentimens de bonté que monsieur de Voltaire a bien voulu Entretenir à mon égard; un tel témoignage de la part du premier génie de son siècle, ne peut être que très flatteur pour un homme qui n'ose prétendre à rien.
Je vous supplie de l'assurer que Je me trouve trop honnoré d'un trait si distingué de son Estime pour ne point Embrasser la première Occasion de lui rendre mes devoirs en personne: ce qui ne peut être que vers la fin de l'été prochain, comme les lettres que J'attens de recevoir à Venise doivent régler mon voyage par l'Almagne ou par la France: Je prens encore la liberté, Monsieur, de vous prier de faire mes Complimens à Monsieur Pirnon et de lui faire savoir que J'ai reçû le Velour pour me Femme; que Je ne puis déterminer Encore où Je souhaiterois qu'on m'envoiât mes habits; mais qu'aussi tôt que Je serois arrivé à Venise, Je lui marquerai le tems et le lieu. Madame Garrick vous prie d'accepter ses Complimens et Je suis avec la plus grande Estime
Monsieur
Votre très humble & très Obéissant serviteur
David Garrick