St Pétersbourg 29 XI-bre 1765, v. s.
Monsieur,
Vos sentiments de reconnaissance pour les marques d'estime que S. M. I. rend à vos talents, vont se renouveler pour la réponse que j'ai l'honneur de vous envoyer de sa part.
Admirateur comme vous de cette auguste princesse, des vertus qui l'ont rendue digne du trône, elle fera la gloire d'un siècle dont vous avez commencé à faire l'ornement. Et si l'histoire nous a transmis ce qu'a fait Octave pour Horace, Virgile &c., la postérité saura de même le cas que Catherine 11 aura fait de Voltaire.
Quant à moi, monsieur, sans vouloir usurper le titre de Mécene de ce nouvel Auguste, je ne néglige rien pour jouir des avantages qu'il pourrait me procurer. Exécuteur soumis de ses volontés je n'ai d'autre part dans ce qu'elle fait que l'obéissance. Trop heureux d'être quelquefois le canal par lequel elle répand ses grâces.
Votre bagatelle, monsieur, m'a mis dans l'admiration après l'avoir lue. Je serais trop flatté d'en avoir de pareilles plus souvent. Il se trouve ici comme ailleurs des zêlés admirateurs de vos productions et qui en savent apprécier le mérite.
La lettre dont vous m'avez chargé pour m. Soltikow lui a été rendue.
Faites moi la grâce, monsieur, de me conserver une place dans votre souvenir et d'être persuadé de l'estime sincère avec laquelle j'ai l'honneur d'être
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
I. Betzky