à Lunéville ce 14 aoust 1749
Il y a ô anges, quelques vers biscornus dans le commencement du Catilina.
Mais croyez qu'ils sont tous corrigez, et j'ose dire embellis. Si j'avois des copistes qui écrivissent aussi vite que je compose, vous auriez déjà la suitte. Mais il faut que j'aye d'abord une copie nette pour moy, et j'ay les écrivains les plus lents. Je vous le répète mes chers et respectables amis, Catilina est ce que j'ay fait de moins indigne de vos soins. Mais j'ay Semiramis à cœur. Mr de Richelieu ordonne un beau tombeau. Quand jouera t'on cette Sémiramis? quand viendra Catilina? Savez vous bien qu'on dit qu'il est prest et que je n'y peux pas changer vingt vers? Vous en jugerez, et vous ordonnerez de sa destinée. Je dois écrire à madame de Pompadour. Il faut en être protégé, ou du moins soufert. Je luy rapelleray l'exemple de madame qui fit travailler Racine et Corneille à Berenice. Bonsoir, madame du Chastellet vous dit des choses fort tendres. Mais comment va la santé de madame Dargental?
V.
Votre mauditte grand'chambre vient de me faire un procez de trente mille livres malgré la loy précise et cela parce que le raporteur (je ne sçais quel est ce bonhomme) s'est imaginé que mon aquisition n'étoit pas sérieuse, et que je n'étois pas assez riche pour avoir fait un marché de trente mille livres.
Je ne suis pas en train de dire du bien des sénats.