de Paris ce 27ème juillet [1749]
Votre lettre Monsieur m'a fait un plaisir extrême et si j'avais sçu votre adresse je vous aurais prévenue.
L'abbé du Renelle est arrivé yer au soir de la campagne et m'a écrit ce matin; jeudi ou vendredi, lui, Mr de Francoeuil et Bernard s'assembleront ici, nous n'y parlerons que de vous, nous y lirons votre joli opera et je puis vous répondre que nous le trouverons charment, mais nous vous mendrons franchement les petites corrections qu'il faudra faire pour le musitien.
J'étais à la première représantation des amazones. Je suis désolée ne pouvoir vous en mender autant de bien que je l'aurais désiré, je vous avoue naturelement que je regarde Genceric de Mme des Oulieres comme un chef d'euvres en comparaison de celle ci. Il y a cependant trente vers au quatrième acte qui m'ont paru de la plus grande beauté et qui ont relevés la pièce. Elle n'est point tombée, plusieurs auteurs pour prouver leurs attachement pour les femmes cherchent à la soutenir et j'espère que cela aura huit ou dix représantations. J'irai tant qu'il me sera possible et j'en dirai le plus de bien que je pourai.
Je travaille toujours, j'ai rendu mon quatre sans contredit le meilleur de ma pièce et je suis après le sinque, mais peut être en général la pièce ne vaut elle rien. J'ai la plus grande peur. On n'a jouée celle de Mme du Bocage pour la première fois que jeudi passé. S'était yer la seconde représantation.
On a arêté ces jours ci deux docteurs de Sorbonne quit tenoient école d'athéisme. Didrot, auteur de l'aveugle clairvoiant, est aussi arrêté.
Je reçois souvant des lettres de l'oncle. Il me mende qu'il travaille à sa Nanine et qu'une comédie est un des travaux d'Ercule. Je commence a croir qu'il a raison.
Racine a fait imprimer trois volumes des lettres de Rousseau. Il devoit me semble lui suffire d'avoir données celles de son père qu'il aurait désonoré s'il était possible d'avilir un grand homme. Adieu Monsieur, Comptez que nous lirons avec le plus grand soin votre ouvrage. Pour moi sur ce que vous m'en avez montré je le trouve fort agréable. Portez vous bien, songez quel que fois à vos amis et ne doutez pas de l'envie que j'ai de vous revoir et de l'amitié que je vous ai vouée pour ma vie.