ce 12 juillet 1750
Je fais Monsieur exactement tout ce que vous me marquez dans votre lettre mais ce que je fais mieux encor c'est de vous regreter beaucoup.
Je suis très flatée de vos sentimens pour moi et je vous les rends bien. Ne me flatez pas temps et voiez moi davantage, je serai encor plus contante de vous. J'ai reçu deux lettres de mon Oncle de Treves, une du 3 et l'autre du 8. Il ce porte bien et me dit de ne lui écrir qu'à Berlin. Il restra à Treves encor quel que jours. Je commence à ne rien comprendre à tout ceci, je gette mon bonet par dessus les moulins.
Je travaille beaucoup à ma vieille comédie. J'ai envoié chez Mondonville, il est à la campagne pour quel que jours, j'espère le joindre à son retour et je n'y épargnerai n'y soin n'y peine.
Je soupe demain chez Mr Dangé à sa campagne avec l'abbé du Renelle et Mme de Francoeuil, nous parlerons sûrement beaucoup de vous et j'e profite bien de l'occasion quand je la trouve.
La pièce de Mme de Grafigni a le plus grand succès. Ou je suis une sote ou le public se trompe. Je suis dans le doute. J'y ai déjà été trois fois et je veux qu'on m'y voie.
Adieu Monsieur, songez quel que fois à une femme qui vous aime assez pour lui rendre la justice de croire que vous n'avez point de meilleur amie.
Lisez le second volume du mercure de juen, il y a des anecdotes sur le czar Piere de Mr de Voltaire qui m'ont paru délicieuse et une istoriete appelée la félicité qui m'a fait grand plaisir.