à Paris le 14 octobre 1748
Je suis infiniment sensible, monsieur, à la lettre pleine de confiance que je reçois de vous et je ne puis qu'être très flatté que vous vouliés bien me déposer des circonstances qui sont aussi intéressantes pour votre famille qu'elles vous sont réellement personnelles.
Il est vray que j'avais prévu avec zèle ce que je m'imaginois bien qui vous déplairoit, et c'est pour cela que je m'étois hâté d'en parler au ministre, mais puis-je répondre que ce n'est pas une suspension? Ma bonne volonté ne fait pas loy, mais au moins accordés moy la justice de la tenir pour quelque chose puisqu'elle est toute à votre service. Je reparlerai à Fontainebleau où je compte aller dimanche, et quand il serait vray qu'on voulût se relâcher sur le fait des parodies je représenterai que le théâtre vous doit trop et même la Patrie, pour que l'on commence par vous à se déranger des maximes qu'on s'étoit proposé de garder. Voilà ce que je vous offre et ce qui est en ma disposition, et si je n'ay pas le bonheur de réussir, n'en soyés pas moins persuadé de mon sincère attachement et de l'estime toute particulière que je vous ay voüés; c'est avec ces sentiments qui sont dûs à vos talents supérieurs et à la confiance que vous avés en moy que je suis plus que personne du monde, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Berryer