1740-08-03, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Mon cher ami, je me conforme entièrement à vos sentiments, et je vous fais arbitre.
Vous en userez comme vous le trouvez à propos, et je suis transquille, car mes intérêts sont en bonnes mains.

Vous aurez reçu une lettre de moi datée de Berlin; voici la seconde; je m'en rapporte au contenu de l'autre. S'il faut qu'Emilie accompagne Apollon, j'y consens, mais, si je puis vous voir seul, je préférerai infiniment le dernier. Je serais trop ébloui, je ne pourrais soutenir tant d'éclat à la fois; il faudrait le voile de Moïse pour tempérer les rayons mêlés de vos divinités.

Pour le coup, mon cher Voltaire, je suis surchargé d'affaires, je travaille sans relâche; mais je vous prie de m'accorder suspension d'armes, encore quatre semaines, et je suis à vous pour jamais.

Vous ne sauriez augmenter les obligations que je vous dois, ni la parfaite estime avec laquelle je suis à jamais votre inviolable ami

Federic