1740-11-28, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Je vous envoie et passeport et véhicule pour votre voyage.
Je payerais volontiers cher votre arrivée mais je regrette chaque sou qui doit vous servir pour vous éloigner de moi.

Les lettres de Paris d'aujourd'hui me confirment que la marquise se porte assez bien. Je crois qu'elle est à l'agonie pour vous et pour son bon mari. Mais le public qui n'est pas si bon n'en croit rien. Elle doit être toutefois enchantée de la promptitude avec laquelle vous obéissez à ses ordres et j'ai bonne opinion de ses charmes, voyant l'auteur de l'épître à Uranie superstitieux de la divinité d'Emilie. Enfin je vous souhaite bon et heureux voyage et j'espère de vous revoir peut-être un jour en cas que made du Chatelet y consente. Enfin tout dépendra d'elle hormis l'estime et l'amitié avec laquelle je suis à jamais

Votre très affectionné ami