lundi 11 [February 1765]
M.,
Il est vray que la lettre de Madame Denis m'avoit un peu affligé par l'inquiétude qu'elle m'a témoignée sur les petits arrangemens à prendre relativement à la rétrocession des Délices, mais il semble par la réponse que j'ay eu l'hr de lui faire que j'ay prévu que ce mouvemt de dépit n'étoit que passager, et qu'elle reviendroit bientôt aux vrais sentimens qui nous animent.
J'en reçois la confirmation par la lettre dont vous m'avés honoré qui me donne de nouvelles preuves de vos bontés & de votre confiance que j'ay toujours eu fort à cœur de mériter autant par inclination que par devoir. Je suis donc très content de conserver votre estime & votre amitié qui me sont également précieux.
J'aurois fort désiré que la jouissance des Délices eût pu s'accorder avec vos convenances, mais les motifs qui s'y opposent sont trop raisonnables pour que j'en murmure; J'ai même un très grand plaisir de concourir à tout ce qui peut vous être agréable. Dans les petits arrangemens qui restent à prendre & qui sont une suite indispensable pour l'ordre, un chétif intérêt n'altérera jamais nos sentiments réciproques, et je serai satisfait de ce qui sera réglé. Si c'étoit affaire de notre compétence nous n'aurions pas besoin de secours étranger, mais notre position & la nature de la chose, semble exiger l'examen par des tiers qui en connoissance de cause n'auroit d'autre intérêt que de rendre justice à chacun.