à Commercy ce 11 juillet [1748]
Mes divins anges voylà donc monsieur de Choiseuil dégoûté de la piscine de Plombieres, mais comment madame Dargental s'en trouve t'elle, et jusqu'où ira sa persévérance?
A votre retour ne passerez vous point par la route de Lorraine et de Bar? Si vous prenez ce chemin qui est le plus court, mandez le moy, et je me trouverai sur votre route à Voye qui n'est qu'à une lieue de Commercy. Je vous remercie de la lettre de M. l'abbé Chauvelin que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Vous me ranimez pour cette Semiramis. Il faut que je la voye. Mais il faut que je commence par vous mes chers anges, et pourquoy à Voye dans un cabaret? pourquoy pas à Cirey bien à notre aise? ne seroit il pas fort convenable et fort doux que vous vous reposassiez un jour à Cirey? Vous donneriez la préférence à madame du Chastelet sur madame de Verpille et elle vous recevroit avec La même cordialité, car après tout ce sont deux bonnes femmes. Je pourois même m'en retourner à Paris avec vous, et nous nous arrangerions aisément pour la route. Car il faudra probablement que j'aille à Paris et même à Compiegne à la fin de juillet, ou Les premiers jours d'aoust, et je suppose que c'est vers ce temps là que vous devez revenir. Mandez moy donc tous vos arrangements, afin que madame du Chastelet puisse se conformer à vos marches. Mais cela presse. Nous attendons votre réponse avec L'impatience de gens qui peuvent vous voir. Il n'y a roy qui tienne, pour qui faudra t'il quitter ces messieurs là si ce n'est pour vous? Adieu mes anges et mes rois, c'est dans votre cour charmante que je voudrois passer ma vie.
V.