Geneken, près de Breda, le 10 octobre 1745
…Avez vous, monsieur, le sixième volume des œuvres de V***, où il dit dans des instructions qu'il donne aux journalistes, que c'est m. de Sallengre & non pas moi, qui est l'auteur du Matanasius, & que ce qu'on a ajouté au commentaire (il entend la Déification d'Aristarchus Masso) est une pièce digne de la plus vile canaille, & faite par un de ces Français qui vont dans les pays étrangers déshonorer leur patrie & les lettres?
J'ai été obligé de répondre à cette belle anecdote; parce que mon silence aurait été un aveu tacite. Je l'ai fait par une lettre imprimée dans la 2. partie du XL. vol. de la Bibl. françoise. D'où il est arrivé que l'accusation de m. de V***& ma réponse ayant excité la curiosité de voir ce qui l'avait mis de mauvaise humeur, on a été chercher dans le 2. vol. du Matanase ce qui y avait déplu à m. de V***. Ce qu'on a d'autant plus aisément trouvé que cela avait déjà été indiqué dans la Volteromanie, & que depuis lors, on a appelé des V***, les cannes fortes, pour les distinguer des cannes de roseau; & qu'on dit voltairiser, au lieu de cette longue & vilaine circonlocution, donner des coups de bâton, ou donner des coups de canne: ainsi cet honnête homme de poète aura enrichi notre langue de deux mots, dont en effet elle avait besoin, on m'a même fait voir une épigramme qui commence
C'est ce qu'il fallait savoir pour bien entendre la fin de l'aventure, dont la narration a excité la bile de m. de V***.
Nos beaux esprits continuent toujours à se divertir à ses dépens; c'est véritablement, à cet égard là, le Montmaur de son siècle; aussi m'a-t-on parlé du projet d'un ouvrage latin intitulé Gargilius Mamurra redivivus. Je voudrais le voir exécuté…