1744-02-07, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Jacques Amelot de Chaillou.

Monseigneur,

Samedy premier les états généraux ont pris la résolution de demander à la reine de Hongrie le payement des arrérages de ce qu'ils ont prêté à l'empereur son père sur la Silésie.
On ne doute pas que les puissances calculantes ne retiennent cet argent sur les subsides qu'ils fournissent à la reine.

Plusieurs régens et surtout ceux d'Amsterdam reçurent avant la séparation des états un écrit qui contenoit ces paroles:

‘Il est échappé au comte Maurice de Nassau de dire que le party des bourgeois vouloit toujours dominer, mais qu'il y auroit un stathouder en moins de trois mois, que ce seroit un prince agréable à la nation et fait pour soutenir la cause commune, qu'il alloit pour cet effet en Angleterre.’

Mr l'ambassadeur Vanhoy a mandé que le roy avoit résolu de n'agir que deffensivement du côté des pays Bas.

La ville de Dordrecht a opiné dans le comité secret des états de hollande d'envoyer un homme de confiance à Versailles. Rien n'est plus certain. Je me hâte monseigneur d'envoyer chez vous ces nouvelles qui peutêtre ne vous parviendront d'ailleurs que L'ordinaire prochain. Si vous le savez déjà daignez toujours recevoir avec bonté le denier de la veuve.

V. vous est dévoué avec le plus tendre respect.