à Paris le 17 décembre 1742
Mg͞r,
J'ai recours à vos bontés pour une affaire qui regarde le bon ordre, et qui demande une justice un peu expéditive.
On a imprimé sous le titre de mes œuvres prétendues, deux mille exemplres de libelles diffamatoires contre des ministres, contre made la marquise du Chatelet et d'autres personnes respectables, toutes désignées par leurs noms et par les notes les plus scandaleuses. Je sais à n'en pouvoir douter que les mêmes libraires doivent faire un recueil de toutes les chansons infâmes et de toutes les plates satires qu'on a faites en dernier lieu.
Si je n'étais pas malade j'aurais déjà parlé à m. de Marville. Je suis en état de lui indiquer le nom des libraires, le nombre des associés, celui des exemplaires qui leur restent, leur magasin, et je ne doute pas qu'il n'en fasse une prompte justice. Je vous supplie, mg͞r, de lui recommander fortement cette affaire qui intéresse tout le monde. J'irai le trouver dès que vous lui aurez écrit tout malade que je suis. Permettez que j'aie l'honneur de vous souhaiter la bonne année, et de vous renouveler les sentiments du profond respect, et du profond attachement avec lequel je serai toute ma vie mgr &c.