1739-01-10, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Mon cher amy non seulement il faut nous envoyer deux duplicata de La déclaration cy jointe que je vous suplie de signer, mais il faut faire publier un monitoire pour connaitre l'imprimeur et L'auteur.

N'épargnez rien je vous en conjure, présentez requête à mr Heraut, à monseigneur le chancelier. Surtout commencez par faire acheter le libelle chez Chaubert, et par établir un bon procez verbal chez un commissaire.

Voicy le modèle du placet à Monsr le chancelier:

 . . .Moussinot, prêtre, docteur en téologie, chan. etc.; Moussinot, bourgeois de Paris; Germain Dubreuil, bourgeois de Paris, anciens amis du s r de V. et chargez à Paris de sa procuration pour toutes ses affaires, présentent à mgr le chancelier une requête qu'il présenteroit luy même, s'il n'étoit pas très malade, contre L'auteur d'un libelle diffamatoire qui paraît sous le nom de la Voltairomanie, libelle dans le quel ledit s r de V. est traitté de voleur public, d'athée etc.; mgr le chancelier en conoit l'auteur quoy qu'il ne soit pas juridiquement convaincu. Le public indigné attend justice et Le s r de Voltaire la demande très humblement.

Il n'y a qu'à écrire cela en forme de placet, l'envoyer par la poste à la boeteà Monseignr le chancelier. La grande affaire est surtout que quelqu'un achète un de ces libelles chez Chaubert devant un témoin, et fasse sur le champ un procez verbal secrètement chez un comissaire. Voylà le point essentiel.

Pressez le chevalier, je vous en prie. Envoyez, par un exprès, un louis d'or à Vincennes chez Darnaud, s'il n'est pas à Paris. Assurez le de mon amitié, et dites luy qu'il vienne vous voir quelquefois. Adieu mon cher amy.