ce 17 [January 1739]
Plus ange gardien que jamais,
Je vous envoye le nouvau mémoire dans la forme où je soupçonne qu'il doit être, je vous suplie de le trouver bon tel qu'il est pour le forme, de Le renvoyer sur le champ à l'abbé Moussinot, qui en faira faire des copies, de me mander pourtant s'il faudroit y changer des détails, de me dire si je feray bien d'en envoyer copie à mrs Heraut, Dargenson, procureur général, Maurepas, avocat général etc.
Je ne sçais pas encor comment vous avez trouvé le 1er mémoire mais je me suis douté par votre dernière lettre que vous ne vouliez rien qui sentit trop le préservatif et trop le ressentiment.
Si vous trouvez celuy cy bien, l'abbé Moussinot recevra vos ordres de L'envoyer au chancelier avec ma lettre.
J'aprends que mrs Andry, Procope, Pitaval etc. présentent requête au chancelier. Il ne faut pas que ma famille se taise, quand les indiférens éclatent. Il faut je croi que mon neveu envoye ou donne son placet qui ne peut que disposer favorablement, et qui n'empêche point les procédures juridiques, que je vous suplie de luy conseiller fortement, car c'est un crime qui intéresse la société.
Pone inimicos meos scabellum pedum tuorum donec faciam tragediam.
Madame du Chast. se moque de moy avec ses générositez d'âme, et ses bienfaits cachez. Elle m'a enfin avoué et lu ce qu'elle vous avoit envoyé, plût à dieu que cela fût aussi montrable qu'admirable.
Quand je vous envoyay copie d'une de mes lettres à T, l'original étoit party. Lavez la teste à T, faites luy présent pour ses étrennes du livre de officiis, et de amicitia. Respects à l'autre ange.
Adieu, je baise vos ailes, et me mets sous.