ce 21 [février 1739]

Mon cher amy, c'est pour vous dire que j'ay reçu aujourduy une lettre très polie de m^r Heraut et très encourageante.
Elle feroit entreprendre vingt procez. Cependant je me tiens encor sur la réserve. Une lettre de son juge est une grande tentation à la quelle il faut de la force pour résister. M^r de Maurepas m'écrit, m^r d'Argenson m'écrit, tout le monde me dit, agissez. Mais malgré tant de raisons d'agir, malgré l'assurance où je suis que le préservatif ne peut m'être imputé, je persiste encor à faire présenter requête signée de procureur, par m^rs de Castera, Andry, Procope, Mouhi, etc. Deux noms suffiroient. Je me charge du reste.

Mais je vous demande en grâce de ne pas perdre un moment et de faire présenter cette requête.

L'audience de M. le Chancelier Devient inutile mais la requête de mes parents devient nécessaire. Vous verrez par la lettre de m^r Heraut qui est entre les mains de mad^e de Chambonin, qu'on ne peut ny on ne doit agir par lettres de cachet, voye toujours infiniment odieuse, et que moy même je déteste. Représentez je vous prie très fortement à m^r d'Argental, que toutes les preuves étant contre Desfontaines, et rien contre moy, c'est me manquer à moy même que de ne pas agir vigoureusement. Tenez je vous suplie les preuves contre Chaubert prêtes. Je n'ay que le temps de vous embrasser.