à Cirey ce 1er mars [1739]
Mon cher amy je reçois votre lettre du 27.
J'exige plus que jamais la requête de mon neveu à mr Heraut, et je vous prie de luy envoyer ma lettre avec la copie de celle que M. Heraut reçoit de moy.
Il est très certain que si j'avois poursuivi l'affaire criminellement moy même, j'aurois eu raison de l'abbé Desfont. car vous avez sans doute conservé les preuves qui existent contre Chaubert; et de Chaubert, je remontois aisément à ce scélérat. Je n'ay rien à craindre de ses récriminations vagues, ny sur le préservatif, qui est prouvé n'être pas de moy, ny sur tout ce qu'il m'impute sans preuve. Il auroit succombé, comme calomniateur et comme auteur de libelles diffamatoires. Mais il falloit aller à Paris, et je n'ay pu faire le voiage.
Soit que M. le marquis du Chastelet acomode cette affaire d'une manière honorable pour moy, soit qu'il la laisse à la justice, je prie toujours mon neveu de signer la requête, et de faire ce qu'a fait un étranger. Je vous conjure surtout de conserver par écrit les preuves que vous avez contre Chaubert. Songez y, cela est de la dernière conséquence.
Je ne dois pas un sou à Lebrun.
Je vous embrasse.
Si mon neveu ne présente pas sa requête, présentez sur le champ la mienne à mr Heraut, sans rémission. Adieu.
Je suppose que vous avez envoyé au procureur du roy les noms de ceux qui ont acheté le libelle.
Je vous prie de cacheter d'un petit pain la lettre pr mon neveu.