A Bruxelles [c. 10 October 1741]
Je viens de voir Monsieur la Lettre, que vous avés écrit à Mr. de Voltaire, et je ne puis Vous dire à quel point elle m'afflige.
Je Vous avoüe, que je ne croïois pas que La lettre que je vous ai envoyé de Lui Vous laissât quelque chose à désirer. Le mot de mérite renferme tout le mérite littéraire, et celui de la société, et on n'entre guères dans le détail du Caractère qu'à l'égard des gens avec lesquels on a vécu de suite. Il n'est pas même vraisemblable qu'il vous en parle, et cela donneroit un air contraint à la lettre, qui l'empêcheroit de produire son effêt. Enfin, Monsieur, je me flatte que Vous aurés assez de justice et d'amitié pour moi, pour ne point exiger une chose nullement nécessaire au but que nous nous proposons tous dans cette affaire. Je vous avoüe que c'est un grand chagrin pour moi de voir une affaire que j'ai crû terminée, arrêtée pour une chose que je n'aurois assurément pas pû prévoir. J'espère Monsieur, que Vous ne démentirez point tous les sujets que vous m'avés donné de Vous être toute ma vie obligée, je vous le demande en grâce, et Vous assure que ce procédé augmentera encore s'il est possible les sentimens auxquels je suis Monsr. vôtre très humble et très obéissante servante
Breteuil du Chatellet
Pour le mot de probité, si vous craignez, qu'il ne soit entendu malicieusement je ne vois nul inconvénient à l'ôter.