1741-09-29, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à — Seguy.

Je vous envoïe Monsieur une lettre fort au dessus de mes espérances et je crois aussi des vôtres.
Je ne puis vous dire avec quelle joïe je vois cette malheureuse affaire terminée d'une façon si décente, si convenable, si honorable pour toutes les parties intéressées. Je comte que vous aurés la bonté de marquer à Mr. de Voltaire combien vous êtes content. Vôtre lettre a fait un effet merveilleux, on doit tout attendre d'un cœur droit et juste tel que Mr. de Voltaire, que la colère peut emporter quelquefois mais que la vertu et la douceur ramèneront toujours. Je ne puis assés vous remercier du repos que Vous me rendez, c'est une obligation que je n'oublierai jamais. Revenez vous bientôt, pour recevoir les marques de la parfaite estime, de la reconnoissance, et de tous les sentimens avec lesquels je serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissante servante

Breteuil du Chatellet

Vous ne me repondés point sur ce qu'il pouvoit y avoir dans les anciens Ouvrages de Rousseau contre Mr. de Voltaire, mais les sentimens qui sont dans vôtre lettre me servent de réponse, et je suis sûre, que l'ancien et le nouveau en seront également bannis de vôtre Edition. Les Copie des Lettres de mon père suffiront, je pourois bien aller faire un tour à Paris dans le mois de novembre, ainsi je vous prie de me les adresser avant. Mr. de Voltaire a déjà corrigé tout ce qui étoit contre Mr de Rousseau dans ses Ouvrages, pour l'édition que l'on en fait actuellement.