1741-02-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Comment se porte mon cher ange gardien?
Je luy demande bien pardon de luy adresser par mr son frère un grimoire de phisique. Heureusement vous ne fatiguerez pas vos yeux à le lire. Je vous prie de le donner à mr de Mairan. S'il en est content il me fera plaisir de le lire à l'académie. Je suis absolument de son sentiment, et il faut que j'en sois bien, pour combatre l'opinion de madame du Chastelet. Nous avons elle et moy de belles disputes dont mr de Mairan est la cause. Elle peut dire multa passa sum propter eum. Nous sommes icy tout deux une preuve, qu'on peut fort bien disputer sans se haïr. Je mande à mr votre frère que le prophète Mahom est tout prest, et n'attend que vos orders pour venir recevoir votre bénédiction, ou votre malédiction. J'ay obéi en tout. Mais j'ay peutêtre mal obéi.

Mille respects à madame Dargental.

Me Duch. vous a écrit.