1741-01-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Mon cher et respectable amy si pourtant vous êtes curieux d'une nouvelle copie de Mahom avec tous les changements que je vous ay envoyez en détail je feray partir cela par la poste ou par la 1ère occasion.
Etes vous content à peu près? voulez vous qu'on expose ce Mahom au public? En ce cas j'enverrois un petit abrégé de mes réflexions sur la manière de jouer cette pièce, et les acteurs pouroient supléer par là à ce que je ne peux leur dire de bouche.

Je crois vous avoir mandé que La Noue est encor fort loin de rassembler une trouppe pour le roy de Prusse, et que la pièce qu'on joue en Silesie, et qui probablement est le prélude de celle qu'on jouera dans l'empire retardera peutêtre l'exécution des projets qu'on faisoit à Berlin pour les arts, et pour les plaisirs.

Mais mon dieu! comment se peut il faire que Mr Daguesseau l'avocat général à qui j'envoyay un antimachiavel pour vous ne vous l'ait pas donné? Je ne manquay pas d'en envoyer un pour vous et un pr mr votre frère. Celuy de mr votre frère étoit dans le paquet de mr de Maurepas, le vôtre étoit dans celuy de mr de Plimouth.

Adieu, j'attends vos ordres. Me Duchastelet vous aime plus que jamais. Adieu mon cher ange gardien.