ce 5 [February 1739]
Je reçois votre lettre du deux février.
Je suis très aise que mr de la Roque ait refusé la lettre, et fâché qu'on l'ait présentée sans me consulter.
Je me suis très bien consulté, moy, et je veux absolument que le procez soit fait; mais à condition que le chev. de Mouhi vous jurera qu'il n'a aucun papier qui puisse me faire tort. Vous n'avez point d'argent. Je luy en ferai toucher d'ailleurs, dites que vous n'en avez point.
M. Dargental croit que c'est assez que mr le chancelier ôte à l'abbé Desf. son privilége; et moy je dis que ce n'est point assez; et que quand même ce privilége lui seroit ôté, on ne sauroit pas que c'est pour moy qu'il est puni. J'ajoute que ses calomnies ne subsisteroient pas moins, et que les faits qu'il avance doivent être détruits et confondus.
Si donc mr Bégon et mr de Pitaval pensent, que nous avons un commencement de preuve assez fort, dans la Déposition de mr de Montigni, qui est prest à déposer, aussi bien que mon neveu, qu'il a acheté un libelle chez Mérigot, et a entendu dire à Chaubert qu'il en vendoit, et dans les dépositions du gendre de votre neveu, dans La plainte du chev. de Mouhi chez le commissaire Lecomte, il faut agir sur le champ sans difficulté, et avec toute la vigueur imaginable.
Un des grands services que vous m'ayez jamais rendus, c'est d'obtenir cette lettre, ou ce certificat du bâtonier des avocats. Je l'attends avec La dernière impatience. Heureusement ce bâtonier est chargé d'une affaire de Mr le marquis du Chastelet, qui va luy écrire pour l'encourager. J'espère bientôt luy écrire pour le remercier. Voicy une lettre pour mr Pagau. Je vous prie de m'envoyer sans remise le petit livre intitulé Mathanasius, avec la déification d'Aristarcus. Cela m'est nécessaire, faites le chercher par votre frère. Montrez à mr Pageau et à mr le bâtonier cette lettre de madame de Berniere. Réponse je vous prie sur la consultation à mr Pageau.