A la Haye, le 4 novembre 1740
Monseigneur,
Je ne peux résister aux ordres réitérés de sa majesté le roi de Prusse.
Je vais, pour quelques jours, faire ma cour à un monarque qui prend votre manière de penser pour son modèle.
J'ai eu l'honneur de faire tenir à votre éminence un Anti-Machiavel, livre où l'on ne trouve que vos sentimens, et qui a, ainsi que votre conduite, le bonheur du monde pour objet.
Quel que soit l'auteur de cet ouvrage, si votre éminence daignait me marquer qu'elle l'approuve, je suis sûr que l'auteur, qui est déjà plein d'estime pour votre personne, y joindrait l'amitié, et chérirait encore plus la nation dont vous faites la félicité.
Je me flatte que votre éminence approuvera mon zèle, et qu'elle voudra bien me le témoigner par un mot de lettre, sous le couvert de m. le marquis de Beauvau.
Je suis, avec un profond respect, monseigneur, de votre éminence, le très humble, etc.
Voltaire