Je ne sais point aimer, ni me réconcilier à demi, ie v͞s ay rendu tout mon cœur, et ie comte sur la sincérité du vôtre.
Ie ne v͞s ay point caché combien j'étois affligée d'être obligée de renoncer à l'amitié que j'auois p͞r v͞s, et ie ne v͞s cache point le plaisir que ie trouue à m'y liurer. V͞s m'aués fait sentir combien il est cruel d'auoir à se plaindre de quelqu'un qu'on voudroit aimer, et qu'on ne peut se dispenser d'estimer.
J'espère que ie n'éprouueray plus auec v͞s que le plaisir que donne vne amitié sans orage. La mienne p͞r v͞s n'en auoit pas besoin, mais elle n'en est point affoiblie et il ne tiendra pas à moi de v͞s prouuer combien les idées que v͞s auiés prises dans mon dernier voyage de Paris étoient injustes, et que personne n'aura jamais p͞r v͞s vne estime plus véritable, et vne amitié plus inviolable et plus tendre.
dimanche 21 aoust [1740]
Ie v͞s félicite du bonheur que v͞s aurés sans doutte quand v͞s receurés cette lettre de voir Frederic Marc Aurele, et de me donner de vos nouuelles quand v͞s serés reuenu de votre extase.