[April 1736]
V͞s estiés bien malade hier au soir p͞r ne me point venir voir et v͞s v͞s portés sans doutte à merueille aujourd'hui p͞r aller voir m͞r Vernique.
V͞s auriés pu venant si prés de chés moi venir me dire v͞s même de vos nouuelles et en sauoir de mon rume. Si ie n'auois pas cru votre torticolis vn prétexte i'en aurois enuoyé sauoir des nouuelles ce matin. Clerau a fait fidellem͞t votre comission et p͞r adoucir ce qu'elle auoit de trop dur il a resté auec moi jusqu’à minuit. V͞s deuriés bien me la venir confirmer v͞s même. C'est tout le moins de venir dire aux gens que l'on ne les vera plus, la politesse l'exige, et ie v͞s auertis que ie ne le croiray iamais sans cela.
Dites à Clerau que s'il veut venir demain ne point diner auec moi ie ne sortiray point et qu'il est de son honneur que ie sache si la terre est sphérique ou alongée vers les pôles.
Proposés à m͞r Vernique de venir souper vendredi auec moi. Il m'a mandé qu'il ne me pouroit point voir demain ni aprés. S'il ne falloit pas donner vne feste à son prince ie l'en enuoyerois prier et si l'on ne peut l'auoir qu’à cette condition i'aime encore mieu lui donner vne feste. Si ie pouuois imaginer quelqu'autre comission ie v͞s en chargerois dans l'espérance que v͞s viendrés demain m'en rendre comte, àmoins que L. g. o. ne v͞s l'ay défendu. Si ie pouuois jamais deuenir l’étoile polaire ie serois bien heureuse, ie crois qu'en attendant ie deuiens folle.