Quand je serois en Laponie, vous seriez toujours mon ange gardien.
Envoyez moy donc à Bruxelles, vos derniers ordres pour Zulime; que dites vous de Roussau qui est allé en Hollande faire imprimer le libelle de Desfontaines? on en a fait une édition dont toutte L'Allemagne est inondée. Ce dernier trait ne doit il pas indigner ceux qui sont à portée de rendre justice? et peut on différer d'obliger Desfontaines à publier Le désaveu nécessaire de calomnies si horribles? Je vous prie de me faire savoir à quoy on se détermine. Il y a six mois qu'on me lie les mains, et qu'on m'empêche de publier La réponse la plus modérée, et la plus décisive, dans l'espérance d'un équivalent qui n'est pas encor venu. Je vous avoue que sans votre amitié je n'aurois pas la force de résister à tant d'amertumes; mettez moy donc un peu au fait de cette affaire mon respectable amy; mais n'oubliez pas la tendre Zulime; elle m'est chère depuis que vous vous y intéressez. Je la recoiffay un peu à la hâte dernièrement; mais j'étois pressé, il falloit partir. Aprésent que je me sens un peu plus de loisir, je la remettray à sa toilette; mais c'est le miroir de la vérité qu'il me faut, et c'est vous qui l'avez.
Si vous voulez m'écrire sous le couvert de madame la marquise du Chastelet à Bruxelles, à l'impératrice, vous êtes le maitre; sinon vous pouvez vous servir de L'adresse du chevalier de M. Il vous la donnera. Madame du Chastelet vous fait les plus tendres compliments. Mille respects je vous prie à me Dargental, à mr votre frère, et à mrs Dussé. C'est presque tout ce que je regrette à Paris, et je n'y reviendray jamais que pour madame du Ch. et pour vous. Adieu mon respectable amy.
V.
à Bruxelles à l'impératrice ce 28 [May 1739]