1739-01-03, de Françoise Paule Huguet de Graffigny à François Antoine Devaux.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que tout me tourne à mal, mon cher Panpan; je me porte toujours aussi tristement, et voilà deux ordinaires que je n'ai point de nouvelles de mes chers amis.
J'ai reçu ce soir une lettre de madame de Grandville du 29; elle ne me parle d'aucun de vous: du moins, jusqu'à ce jour là, je pense que vous êtes sans accident, mais ce n'est pas assez pour me tranquilliser. Ecrivez moi, Panpan, ne fût ce qu'un mot qui m'apprenne que vous et mes chers amis êtes en bonne santé, et que vous ne cessez de m'aimer. Mes vilaines vapeurs me rendent une créature fort ennuyeuse; aussi je ne sors de ma chambre que pour souper, encore ne descendrais je pas, si je ne craignais de faire du dérangement dans la maison. Je lis autant que je puis, mais je ne puis guère écrire; c'est afin que vous ne soyez pas en peine de moi que je vous écris ces quatre mots, et que vous sachiez que je vous aime plus que ma vie.