1738-11-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à René Hérault.

Monsieur,

C'est ma reconnaissance moins que mon intérest qui vous importune.
Je suis pénétré de vos bontez.

Permettez moy seulement de poursuivre le nommé Jore en justice, et de demander réparation.

Vous aviez eu la bonté de me promettre de me rendre ma lettre qui avoit servi de prétexte à son infâme procez. Si elle ne parvient pas entre mes mains, je me flatte qu'elle ne sortira pas des vôtres. Mr Dargental, et le jeune la Marre, témoins des procédez de Jore savent très bien que je ne luy devois rien. Mr& mde du Chastelet qui ont vu icy longtemps un billet de luy (malheureusement égaré) peuvent certifier qu'au contraire il m'étoit redevable.

Je peux vous assurer sans crainte de vous tromper qu'il y a peu de scélérats aussi dangereux que ce misérable.

Quoy qu'il arrive j'ose compter monsieur sur votre protection, et mon attachement sincère pour votre personne semble m'y donner quelques droits.

Je suis avec le dévouement le plus respectueux

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire